L’AMAXOPHOBIE ET CONDUITE AUTO

ÊTES VOUS AMAXOPHOBE ?

Pendant 39 ans j’ai formé des milliers de personnes à la conduite automobile. Enseignant auto et moto je peux me prévaloir d’une expérience importante en la matière.
J’ai souvent vu des gens qui avaient peur de conduire, sans jamais mettre un nom sur cette peur.
Cette peur de conduire c’est l’amaxophobie.
Quand je regarde dans le rétroviseur de ma carrière je me rends compte que j’ai rencontré de nombreux élèves atteints d’amaxophobie plus ou moins importante. Sans savoir mettre un mot sur leur angoisse, même eux ne savaient pas la définir.
La peur est un sentiment d’angoisse en présence d’un danger réel ou supposé. Ce sentiment d’angoisse peut avoir plusieurs causes :
• Le souvenir d’un accident que l’on a vécu
• Le manque de confiance en soi, on craint de créer un accident, de faire une faute
• La méconnaissance des limites du véhicule, de ses capacités.

Je me souviens de quelques réflexions faites par des élèves angoissés, je n’en citerais que quelques-unes :
• Un élève qui craint de prendre de la vitesse « je n’accélère pas car je ne sais où s’arrête la route ». Comme si à la fin de la route il n’y a plus rien.
• Un autre à peur d’accélérer car il ne sait pas comment s’arrêter. C’est du bon sens.
• Un autre qui craint de rouler à plus de 40 km/h, « vous ne vous rendez-pas compte que l’on peut mourir sur la route ! »

Cette peur de conduire est bien souvent alimentée par les spots de la sécurité routière. Je ne crains pas de le dire, mais à force de montrer des images violentes, de morts, d’accidents graves, etc, la sécurité routière n’a pas fait que sensibiliser les conducteurs et futurs conducteurs, elle leur a foutu la trouille.
Dans ces dernières années de formation au permis de conduire j’ai constaté que de plus en plus de jeunes ont peur de conduire. On a créé une génération de trouillards.
Notre société n’accepte plus le risque, il suffit d’un accident mortel pour que le tout sécuritaire se mette en marche. Alors bien entendu un accident mortel est un événement gravissime, mais il ne faut pas céder au catastrophisme. En 1974 il y avait 16 545 morts sur les routes de France ! En 2023 il y en a eu 3402, c’est toujours trop, mais n’oublions pas qu’en 2023 il y avait 3,5 fois plus d voiture qu’en 1974. L’insécurité routière c’était hier. Nous sommes devenus excessifs à un point que nous sommes gouvernés par la peur.
Alors on évite de conduire, dès que le véhicule induit des sensations que ce soit à l’accélération ou au freinage, l’angoisse s’installe et on refuse de subir ces sensations. Or l’évitement renforce la peur, c’est une spirale infernale, plus j’évite de me confronter au problème, plus je renforce ma peur.
Sans aller jusqu’à aller voir un psy il est possible de supprimer cette peur de conduire. L’amoxophobie trouve souvent sa source dans la méconnaissance de ce que l’ont peut faire avec un véhicule.
La première cause se trouve souvent dans la crainte de ne pas pouvoir s’arrêter en cas d’incident. Or il faut se rendre à l’évidence il est rare d’apprendre à faire un freinage d’urgence en auto-école et c’est bien dommage. Toutes les voitures sont équipées de l’ABS, malheureusement trop de conducteurs ne savent pas ce que c’est et ne savent pas l’utiliser.
Je pense là à une formation en entreprise dans laquelle nous devions travailler le freinage avec ABS. Après un freinage une stagiaire nous dit « j’ai déjà entendu ce bruit » (le bruite de l’ABS), je lui demande alors ce qu’elle a fait à ce moment-là, sa réponse fait froid dans le dos : « j’ai lâché le frein et je me suis dit mon mari va me tuer j’ai cassé la voiture. »
Voilà une conductrice qui freine fort car il y a sans aucun doute un danger, elle entend le bruit de l’ABS et elle lâche le frein ! Cette méconnaissance entraîne une peur et un risque important d’accident.
Lorsque l’on travaille le freinage d’urgence avec une personne angoissée, il se passe souvent ceci :
Le stagiaire craque, parfois jusqu’aux larmes, dès la 1ère démonstration. La réaction immédiate est : « je n’y arriverai jamais. », trop technique, trop brutal. On le réconforte et on l’invite à essayer. Il lui faudra souvent plusieurs tentatives avant de réussir à lui faire déclencher l’ABS, mais là le miracle se produit, le stagiaire commence à jouer avec le véhicule, il s’amuse, il en redemande. C’est gagné la peur a disparue, et il le dit, il se sent mieux dans la voiture.
Parfois le stagiaire ne veut pas continuer après la première démonstration, l’angoisse est trop forte, il se bloque et dans ce cas le formateur est le coupable tout désigné, c’est lui qui provoque la peur. Je l’ai parfois vécu avec des élèves qui roulaient très lentement, qui avaient peur d’accélérer mais qui ont refusé de dépasser leur peur. Ils roulent lentement et cela leur convient et ils sont confortés par les messages de la sécurité routière.

Les gènes au volant
La peur de conduire induit souvent des problèmes physiques. Les muscles se crispent, la respiration peut être difficile, on transpire énormément (j’ai vu des personnes qui avaient les mains tellement humides que l’on voyait couler la transpiration, le siège était trempé). Il est évident que conduire ainsi n’a rien d’agréable.
Souvent l’angoissé se positionne trop, près du volant. Cette position quasi fœtale apporte une impression de sécurité en « s’accrochant » au volant. Or cette position n’est pas ergonomique, L’ergonomie de nos voitures modernes est faite pour être éloigné du volant, surtout en cas de déclenchement de l’airbag.
Notre formation « APS APTITUDE PRO » va vous permettre de prendre de l’assurance et d’être plus à l’aise au volant.
Des formations spécifiques peuvent être mises en place à destination des personnes pour lesquelles la conduite est une angoisse.
Utiliser la bonne peur
Somme toute, la peur est un sentiment nécessaire, quoique désagréable. Elle peut nous sauver la vie, éveiller nos sens et nous permettre d’être alerte. Il faut cependant être à l’affût de certaines peurs afin de ne pas les laisser mener nos vies et d’en comprendre leurs provenances.
Association canadienne pour la santé mentale filiale de Québec
Par Marie-Christine Chartier, adjointe aux communications

Connaitre nos limites, celles du véhicule, permet de mettre nos peurs de conduire à un niveau qui permet de limiter les risques tout en retrouvant un certain plaisir de conduire
Dons notre société qui se veut hyper protectionniste, la peur est un élément trop souvent utilisée, restons pragmatiques nous n’allons pas tous mourir sur la route. Ouf !

N’hésitez pas à nous contacter à contact@aps-prevention.com